Institut Jean Nicod

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FERMON Eryne

Faire rempart au traumatisme : sens de la réalité et sens de l’existence au prisme de l’art et de la réalité virtuelle

                    

Établissement d’inscription au doctorat

EHESS

Directeur

Jérôme Dokic

Équipe

PRISME

            

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Les phénomènes de distorsion de la réalité (hallucination, déréalisation, dépersonnalisation, amnésie dissociative) sont les symptômes de nombreux troubles psychiatriques. Parmi eux, les troubles du stress post-traumatique occupent les recherches scientifiques depuis les grands conflits internationaux du début du XXe siècle, bien que le concept n’ait été cliniquement défini qu’en 1980 suite aux ravages de la guerre du Vietnam parmi les vétérans américains.

Les troubles du stress post-traumatiques surviennent à la suite d’une exposition violente vécue comme une menace imminente pour la vie et l’intégrité d’un sujet. Ils se caractérisent par une altération des perceptions ordinaires de soi et du monde : reviviscences involontaires, stratégies d’adaptations, dysfonctionnements de la mémoire épisodique pouvant mener à une amnésie partielle ou totale. La dissociation traumatique entraîne ainsi un radical sentiment d’étrangeté, d’opacité, de déconnexion entre le sujet atteint et le monde qui l’entoure. Elle correspond à la désunion des fonctions habituellement intégrées que sont la conscience, la mémoire, l’identité et la perception de l’environnement. Le philosophe Matthew Ratcliffe analyse, dans son ouvrage Feelings of Being, Phenomenology, psychiatry and the sense of reality (2008), ces altérations comme des pathologies de ce qu’il nomme « sentiments existentiels » (existential feelings), par opposition aux émotions dites ordinaires. Influencé par la psycho-phénoménologie, Ratcliffe postule que les sentiments existentiels forment un groupe distinctif de sentiments et réfèrent à des façons de se retrouver - ou de ne pas se retrouver - dans le monde : sentiment d’appartenance, de séparation, de familiarité, d’étrangeté. Par conséquent, le sens de la réalité (Sense of Reality), défini comme capacité à distinguer les vraies perceptions et représentations des fausses, et le sens de l’existence (Sense of Existence), défini comme façon de se retrouver dans le monde, se voient tous deux profondément altérés. Dans la dissociation traumatique et certaines pathologies des sentiments existentiels, les sens de la réalité et de l’existence sont en effet affectés et conduisent à une détérioration de l’état somatique, psychologique et existentiel du sujet, pour qui la perception du monde et de soi est remodelée.

Les enjeux et hypothèses de notre travail de recherche se divisent en deux points : tout d’abord, il a pour ambition d’établir des critères définitoires permettant de déterminer et de conceptualiser du point de vue philosophique les perceptions et sentiments pathologiques du sens de la réalité et de l’existence chez les individus récemment touchés par un événement traumatique, en dialogue avec les mécanismes contemporains de déréalisation du monde par les arts immersifs et la réalité virtuelle (RV). Notre second enjeu se situe dans la continuité de notre mémoire de Master, qui traitait des effets de l’expérience musicale sur la subjectivité, et postule l’hypothèse que face aux altérations du sens de la réalité et de l’existence à l’oeuvre dans la dissociation traumatique, l’art - la musique et le cinéma en particulier - et la RV se trouvent être des auxiliaires efficaces afin de restaurer la connexité (i) entre le moi et lui-même et (ii) entre le moi et le monde duquel il s’est senti abruptement désuni


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