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Soutenance de thèse - Marco Inchingolo - "What Empathy Can(not) Do. An inquiry into the epistemic possibilities and limits of empathic imagination"

Date  : Jeudi 8 juillet 2021 à 16h00

Lieu : Par visioconférence. Les personnes souhaitant assister à la soutenance devront se rapprocher du candidat Marco Inchingolo

Jury :

  • M. Jérôme Dokic (Directeur de thèse), EHESS
  • Mme Cristina Meini (Directrice de thèse), Universita del Piemonte Orientale
  • M. Paul Bloom, Yale University
  • Mme Elisabeth Pacherie, CNRS
  • Mme Laurie Paul, Yale University

Résumé :

Dans ma thèse, je soutiens que l’empathie est un processus cognitif par lequel nous imaginons la perspective à la première personne d’une autre personne. L’empathie vise à fournir aux empathisants un aperçu de « l’effet que cela fait » d’être à la place d’une autre personne. J’appelle ce phénomène « compréhension phénoménale ». À la lumière de ce compte rendu, je vais montrer certaines des principales possibilités et limites épistémiques de l’empathie. La dissertation est ainsi structurée. 

Dans le Chapitre I, j’examine la littérature consacrée à la définition de l’empathie. À partir de ce débat, j’extrapole un modèle de caractéristiques de base qui sont partagées par la plupart des théories de l’empathie. Je présente ensuite la définition de l’empathie que j’utiliserai tout au long de ce travail. 

Dans le Chapitre II, j’aborde le point de vue qui considère que l’empathie est capable de nous fournir une compréhension des raisons d’agir des autres, où les raisons doivent être considérées comme constituées d’un couple croyance-désir. Je critique le modèle croyance-désir et plaide pour l’inclusion des émotions en tant qu’états mentaux capables de fournir aux sujets des raisons pour agir. Je montre comment la principale source de motivation des émotions peut être trouvée dans la manière dont elles sont vécues phénoménalement par les sujets. J’argumente ensuite en faveur de la compréhension phénoménale comme moyen de saisir la dimension motivationnelle des états émotionnels. Je joins à ce chapitre une Annexe dans laquelle j’explore plus en détail comment il nous est possible d’imaginer à la première personne des états émotionnels. 

Dans le Chapitre III, je soutiens que ce qui peut être imaginé de manière empathique est lié aux types d’individus que nous sommes, c’est-à-dire à nos préférences, valeurs, dispositions, etc. Lorsque nous essayons d’imaginer le point de vue des autres, nous trouvons des traces de notre "soi" dans ce que nous imaginons et dans la manière dont nous l’imaginons. Je prends le cas de la "résistance imaginative" comme un exemple frappant de ce phénomène. Je défends ensuite mes affirmations en recourant à des travaux empiriques pertinents en psychologie sociale et en neurosciences. 

Dans le Chapitre IV, je reprends le débat sur les expériences transformatives (ET). Les ET pourraient, en effet, être interprétées comme mettant en évidence les limites de nos capacités d’imagination dues au type d’individus que nous sommes. L’ensemble d’expériences que nous avons eu limite notre capacité à évoquer les imaginations pertinentes sur des expériences que nous n’avons pas personnellement vécues. En même temps, le type de "soi" que nous sommes nous empêche d’apprécier pleinement la perspective d’un autre soi. 

Dans le Chapitre V, je montre comment les défis à l’empathie explorés dans le chapitre précédent peuvent être contrebalancés. Cela me permet de montrer certaines caractéristiques surprenantes de l’empathie qui sont rarement abordées dans la littérature contemporaine, à savoir la possibilité d’apprendre par empathie et la possibilité de changer par empathie. D’une part, je montre comment l’empathie, en sollicitant notre imagination, peut nous donner une compréhension phénoménale d’expériences que nous n’avons pas personellement vécues. D’autre part, je montre comment l’empathie, en nous exposant à de nouvelles perspectives, peut nous changer en tant qu’individus.


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