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La soutenance aura lieu le lundi 8 juillet à 14h à l’EHESS, 105 boulevard Raspail 75006, Paris, en salle 7.
Le jury sera composé de :
M. Frédéric Nef (Directeur de thèse), EHESS
M. Francis Wolff (Co-Directeur), ENS Paris
M. Dimitri El Murr, ENS Paris
M. Jean-Baptiste Rauzy, Université Paris-Sorbonne
M. David Sedley, University of Cambridge
Titre : L’essentialisme platonicien : la perspective fondationnelle
RÉSUMÉ : Quelle est la nature des entités métaphysiques premières que la tradition a retenues sous le nom de Formes platoniciennes ? À cette question, en s’inscrivant dans les pas de la critique aristotélicienne des Formes, la tradition de commentaire majoritaire a répondu de façon catégorielle : les Formes platoniciennes sont des universaux prédicatifs. Cette tradition, qui réduit les essences à des prédicats, ne rend pas justice au texte platonicien. Platon répond à la question de la nature des Formes de façon principielle : les essences platoniciennes sont des principes qui ont une double fonction définitionnelle et fondationnelle. Il y a deux voies de l’essentialisme platonicien, une voie définitionnelle, bien connue, une voie fondationnelle, ignorée. C’est pourquoi on défend ici l’hypothèse d’un essentialisme fondationnel, introduit par Platon dans le Phédon, mis au défi dans le Parménide. En suivant le concept de fondation, marqué dans le texte platonicien par les opérateurs « en vertu de » (διὰ + accusatif), « pourquoi » (διὰ τί), « parce que » (δι’ ὃτι), on montre qu’il est l’ancêtre du concept contemporain de fondation, théorisé en philosophie analytique par la logique des expressions « in virtue of », « because ». On met en évidence, ce faisant, la différence de l’essentialisme fondationnel platonicien avec l’essentialisme aristotélicien. Cet essentialisme fondationnel ouvre un nouvel espace logique pour l’essentialisme platonicien, eidétique, à côté d’autres formes de l’essentialisme contemporain (objectuel ou générique). En articulant examen des textes antiques et des concepts de la métaphysique contemporaine, le présent travail propose une défense possible de la métaphysique platonicienne.
MOTS-CLÉS : Platon, Aristote, Formes, Essentialisme, Fondation, Explication, Substance, Temps, Universaux, Argument du Troisième Homme, Métaphysique.
ABSTRACT : What is the nature of the primary beings which a long-standing tradition has studied under the name of Platonic Forms ? To this « nature question », following Aristotle’s criticisms of Forms, the majority view has given an answer in terms of metaphysical categories : Platonic Forms are universals of a predicative kind. This latter view is reductionist : Plato’s essences are not predicates. Plato answers the « nature question » about the Forms on a foundational basis : Platonic Forms are essences which perform both a definitional function and a grounding function. Plato’s definitional essentialism is well known ; Plato’s caracterization of essences as grounds has not yet been studied. That is the reason why we focus on defending a grounding view of Plato’s essentialism : essences as grounds are set forth by Plato in the Phaedo and criticized in the Parmenides. This grounding view is expressed by the terms « in virtue of » (διὰ + accusative), « why » (διὰ τί) and « because » (δι’ ὃτι) in the platonic corpus, and thus anticipates the metaphysics and logic of the contemporary concept of ground. While focusing on the nature of essences as grounds, we also show how Plato’s eidetic essentialism has its own conceptual space, how it is different from both objectual and generic essentialisms. By combining the study of ancient philosophy and contemporary metaphysics, we try to defend Plato’s essentialism as a viable metaphysical option.
KEYWORDS : Plato, Aristotle, Forms, Essentialism, Grounding, Explanation, Substance, Time, Universals, Third Man Argument, Metaphysics.