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John Zeimbekis is Associate Professor of Philosophy at the University of Patras. He works on the philosophy of perception, especially demonstrative thought, the metaphysics of qualities, and the relations between thought, perception, imagery, memory, and pictures. He recently co-edited The Cognitive Penetrability of Perception : New Philosophical Perspectives (OUP, 2015). He also works on topics in aesthetics and is the author of a book on aesthetic value, Qu’est-ce qu’un Jugement Esthétique (Vrin, 2006).

 

Conférences

 

Comment les images acquièrent une signification dans le contexte des pensées (I)

Le besoin des images en tant qu’artefacts provient de l’utilité des modes perceptuels de présentation du monde, ainsi que du rôle épistémique de ces modes. La perception donne des informations sur des propriétés et relations très déterminées. La mémoire visuelle, les concepts et les prédicats linguistiques ne peuvent retenir ou transmettre ces informations au-delà du contexte perceptif. En l’absence des objets, les échantillons—dont les images sont une sous-classe très développée—instancient ces propriétés ou nous permettent de les représenter sous des modes perceptifs, activant les mêmes rôles épistémiques. En même temps, l’emploi d’une image ne se limite pas à son contenu visuel, mais à la possibilité de re-attribuer des propriétés et relations. Cela présuppose une structure compositionnelle, mais l’information que portent les images est analogique, non-conceptuelle ou non-propositionnelle. Comment donc les images sont-elles utilisées pour accomplir de telles re-attributions ? Mon hypothèse de travail pour les deux premières conférences est que les images sont utilisées dans le contexte de pensées et d’énoncés qui démontrent des types et dont le contenu dépend de la perception (p. ex. « Mars est ainsi », enoncé en montrant une image).

Jeudi 29 mars 2018 de 13h à 15h

Salle 8, 105 bd Raspail 75006 Paris

 

Comment les images acquièrent une signification dans le contexte des pensées (II)

Cette hypothèse rencontre pourtant un obstacle majeur. La philosophie a largement adopté une conception de la représentation perceptive qui l’oppose à la pensée conceptuelle, posant notamment les distinctions modulaire-isotropique, conceptuel-non-conceptuel et analogique-digital (chez Sellars, Dretske, Evans, Tye, Fodor, Pylyshyn, Haugeland, Goodman et d’autres). Dans ces conditions, comment accepter que des informations perceptives puissent être incorporées dans la pensée ? Pour montrer comment les images sont utilisées dans le contexte des pensées et des énoncés, je défendrai les thèses suivantes. Les pensées qui démontrent mentalement des types (type-demonstrative thoughts) apportent des structures compositionnelles et quantificationnelles dans lesquelles l’état sensoriel soutenu par l’image détermine l’extension, explique la signification cognitive et empêche que les contenus de la pensée soient lacunaires—des rôles habituellement remplis par des constituants conceptuels de la pensée. Lorsque les pensées doivent s’impliquer dans des processus inférentiels, les modes de présentation perceptifs sont remplacés par des concepts non phénoménaux qui préservent la compositionalité et la généralité, mais qui privent le sujet de sa capacitédéterminer l’extension. Ces concepts défèrent aux échantillons et aux images : à la fin d’une série d’inférences, une image peut de nouveau donner lieu à des modes de présentation perceptifs, permettre au sujet de fixer l’extension, et soutenir des rôles épistémiques dans de nouvelles pensées.

Jeudi 29 mars 2018 de 15h à 17h

Salle 8, 105 bd Raspail 75006 Paris

 

Le statut épistémique des perceptions d’images (III)

Il y a deux espèces de perception d’images : celle qui est engendrée par des processus visuels de manière passive pour le sujet (visually driven), et celle engendrée par des processus cognitifs agentifs (cognitively driven). Selon la tâche (perception volumétrique, individuation, reconnaissance, profondeur globale vs. locale, etc.), plusieurs images exploitent les deux capacités. Dans chaque cas, à cause du rôle réduit de la stéréoscopie et la parallaxe, les processus visuels d’attribution de forme (qu’elle soit 2D ou 3D) peuvent être contrôlés par des « activités perceptives » (voir Crowther 2010, Soteriou 2009). Si l’on accepte conjointement des thèses centrales des analyses de la vision chez Marr (1982) et Pylyshyn (1999), cela revient à dire que la perception des images est perméable à la cognition. Cela, cependant, ne mène pas à un affaiblissement de la garantie épistémique portée par la perception : les perceptions d’images, tout en étant des états visuels, ne sont pas des perceptions d’un point de vue phénoménologique et physiologique. Les contributions respectives des processus visuels et agentifs sont des conditions qui rendent possible la perception d’images. Lorsque celle- ci est passive, les états visuels engendrés sont suffisamment robustes pour persister lors de la vision tardive et après l’adoption d’attitudes doxastiques ; ainsi le sujet peut les exploiter pour se représenter mentalement les contenus de l’image lors de la pensée, tout en sachant qu’ils ne sont pas véridiques. Lorsque la perception d’images est active, il n’y a pas de tel conflit potentiel ; mais ce type de perception des images explique comment nous comprenons les styles picturaux qui frustrent les processus visuels, que ce soit pour des fins artistiques ou à cause de limitations techniques.

Jeudi 5 avril 2018 de 13h à 15h

Amphithéâtre François-Furet, 105 bd Raspail 75006 Paris

 

Ce que l’imagerie digitale nous apprend sur l’identité des représentations (IV)

Les images sont des représentations dans la mesure où elles transmettent des informations d’un certain type à des systèmes de discrimination. Les techniques de l’imagerie digitale montrent que nous pouvons connaître l’identité des images ainsi conçues. Au sens requis (transmettre les mêmes informations), des classes d’équivalence d’images ne peuvent être connues empiriquement. Ces classes sont inclusives and transitives (Armstrong 1989, Goodman 1968, Carnap 1928), mais les systèmes de discrimination pratiques violent soit la transitivité, soit l’inclusivité. Les techniques de l’imagerie digitale montrent comment contourner ce problème. Elles discriminent des conditions (et manipulent des magnitudes) physiques suffisantes pour que deux images puissent transmettre les mêmes informations à un destinataire d’un type donné. Par exemple, la couleur engendrée par les pixels à 24 bits opère des discriminations suffisamment fines pour pouvoir définir des régions de couleurs physiques qui sont transitivement indiscernables pour la vision humaine. Quand deux images instancient seulement des propriétés physiques appartenant à ces régions, les images sont identiques sous des types physiques déterminables, et elles sont des représentations identiques parce qu’elles transmettent les mêmes informations pour un destinataire. Les régions en question ne sont pas des classes d’équivalence de propriétés physiques (sous quelque aspect informationnel), mais s’il y a une telle classe, les deux images en seront des membres. Sur cette base, je rejette la distinction entre représentations autographiques et allographiques.

Jeudi 5 avril 2018 de 15h à 17h

Amphithéâtre François-Furet, 105 bd Raspail 75006 Paris


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