Institut Jean Nicod

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Presentation

 

 


Les barrières électorales :


le design institutionnel et les techniques de vote


Journée d'étude

Le 24 avril 2017 de 9h à 17h.

 

 

 

EHESS, 105 bld Raspail, 75006 Paris. Salle 11 (matin) et Salle 7 (après-midi)

Contact : Roberto Casati

 

La question de l'accès au vote est souvent présentée comme relevant de la sociologie, et celle des modalités d'agrégation des volontés individuelles, des mathématiques. Nous nous efforçons de dépasser cette dichotomie en proposant d’ériger la matérialité du vote en objet d’étude, et de considérer le design institutionnel comme un élément clé pour appréhender la complexité du vote.

S'il y avait un système de vote parfait, et qu'il n'était implanté que dans un pays donné, est-ce que tous les autres pays seraient en déficit démocratique ? Qu'est-ce qui fait d'un système de vote un bon système électoral ?

Ce projet de collaboration entre Roberto Casati (EHESS) et Fabrizio Tonello (Université de Padoue, Etudes Politiques et Internationales) porte sur les techniques de vote dans les démocraties. Il prend son origine du constat d'énormes différences quant aux conditions pour participer au vote, aux techniques de rédaction et de comptage des bulletins de vote, aux algorithmes de conversion des votes en sièges et à la détermination des vainqueurs d'une compétition électorale.

Quelques exemples : en Belgique le vote est obligatoire, mais il ne l'est pas dans la plupart des autres pays européens. Dans de nombreux pays (par exemple, en Italie) l'inscription des électeurs sur les listes électorales est automatique dès l'âge de dix-huit ans, dans d'autres pays (France, Etats-Unis), le citoyen doit s'inscrire volontairement, suivant des temps, des lieux et des formalités de différentes natures. Dans certains États américains, ceux qui ont des condamnations pénales, même après avoir purgé leur peine, ne peuvent s'inscrire sur les listes.

Pour l'expression du vote, les modalités sont tout aussi différentes entre elles : dans de nombreux cas, on utilise des bulletins de vote en papier, dans d'autres, des dispositifs qui laissent une trace sur un bulletin ou qui enregistrent le vote électroniquement. Parfois, le citoyen reçoit un seul bulletin, dans d'autres cas plusieurs bulletins, un pour chaque objet en délibération. La détermination de la validité des votes exprimés suit des critères variables, parfois arbitraires.

Les décomptes sont effectués par des autorités différentes, avec différents acteurs, et les données sont rassemblées aux niveaux du département ou de la province, de la région ou de l'État, ainsi qu'au niveau national ou supranational. Finalement, il ne semble pas y avoir deux pays qui utilisent exactement le même système pour tracer les frontières des circonscriptions, convertir les votes en sièges et déterminer les gagnants de l'élection.

La question de l'accès au vote est souvent présentée comme relevant de la sociologie, et celle des modalités d'agrégation des volontés individuelles comme des mathématiques. Nous nous efforçons de dépasser cette dichotomie en proposant d’ériger la matérialité du vote en objet d’étude, et de considérer le design institutionnel comme un élément clé pour appréhender la complexité du vote. Les barrières sont aussi bien physiques que cognitives, comme le montre l’aspect de certains bulletins de vote.

Cette approche est d’autant plus urgente que les nouvelles technologies s’insèrent dans le processus. Aux Etats-Unis, par exemple, une “app” permet à deux électeurs situés dans deux Etats différents de faire du “vote swapping”, c’est-à-dire voter chacun pour le candidat qui a plus besoin de son soutien dans un état où le résultat est incertain, ou pour le candidat le plus proche de sa propre sensibilité politique. Une autre “app” fait du vote une expérience plus collective, en permettant aux jeunes citoyens de discuter et partager leurs décisions politiques. Fini, les orateurs et les manifs, bienvenue Facebook !

En France, on a révoqué en mars 2017 la possibilité pour les électeurs à l'étranger de voter par internet ; ils devront obligatoirement se déplacer dans un point de vote pour élire leur député, tout comme pour la présidentielle où le vote électronique est proscrit.

La rencontre a pour but d’apporter une contribution qui se veut utile à la fois sur le plan théorique (certains systèmes électoraux peuvent-ils être considérés comme «meilleurs» que d'autres ?) que sur le plan pratique, en réfléchissant à des procédés techniques qui facilitent la tâche du citoyen et, surtout, assurent l'intégrité et l'équité du processus électoral qui font la base du fonctionnement de nos démocraties.

La rencontre se situe dans le prolongement du séminaire de Roberto Casati (DE EHESS), « Les outils pour la connaissance : une théorie du design et de ses conséquences sociales »

Casati, R., 2010, “Trust, secrecy and accuracy in voting systems: the case for transparency.” Mind and Society, 9(1):19–23.
Casati, R., & Varzi, A., 2014, L’incertezza elettorale. Roma: Aracne Editrice.
Tonello, F., 2013, “Elezioni”, Milano: Bruno Mondadori.


Programme (provisoire)


9:00 Ouverture de la salle 11.

9:30: R. Casati (CNRS-EHESS), introduction à la journée.

10:00 A. Filipiak (LORIA, Orange Labs, Paris)
11:30 M. Morini (Padoue)
 
13:00 Pause déjeuner
 
Salle 7
 
14:30 O. Pfersmann (EHESS)

16:30 F. Tonello (Padoue), clôture.

Entrée libre dans la mesure des places disponibles.

 

 


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